Les addictions et les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont des affections complexes, dont l'étiopathogénie est multisectorielle.
Ils entretiennent avec les troubles psychiatriques des liens particulièrement étroits et des interactions bidirectionnelles, sur le plan étiologique, des facteurs de risque et vulnérabilité, cliniques, thérapeutiques et évolutifs.
Ces liens ne se posent pas uniquement en termes de comorbidités mais concernent également les modèles de prises en charge qui doivent être envisagés dans une démarche intégrative et pluridisciplinaire.
Le mardi 26 novembre 2019
Le Nouvel Hôpital de Navarre et la Clinique des Portes de l’Eure, ont organisé à l’Espace Philippe Auguste à Vernon, la première journée Euroise de psychiatrie ayant pour thème : ” Données actuelles en matière d’addictions et de troubles du comportement alimentaire : coordination et parcours”.
Plus de 200 personnes ont participé à cette journée qui a remporté un vif succès.
RÉSUMÉ VIDÉO (7MN)
Ces troubles représentent des pathologies complexes, multifactorielles et multidimensionnelles. Les parcours de soins sont particulièrement difficiles à définir pour les patients qui en souffrent et nécessitant des approches pluridisciplinaires, voire transdisciplinaires. Des spécialistes reconnus de ces questions ont exposé leurs travaux et apporté les dernières mises à jour concernant ces troubles qui relèvent de véritables problèmes de santé publique.
Il existe en effet un groupe de maladies dites complexes dont l’étiologie est multifactorielle. Très fréquentes, elles forment une centaine de maladies encore mal connues malgré leur fréquence. Elles représentent une interaction entre un profil psychobiologique particulier et l’environnement. Ces maladies complexes (troubles mentaux, suicide, addictions, TCA, diabète, obésité, hyper tension artérielle (HTA), les allergies, maladies auto-immunes, …) sont responsables de 86 % des décès dans les pays européens. Le stress chronique et les facteurs psychosociaux jouent un rôle important dans ces pathologies.
Le Conseil Local de Santé Mentale (CLSM) de SEINE-NORMANDIE :
Plateforme de concertation et de coordination d’un territoire défini par ses acteurs, présidée par un élu local, co-animée par la psychiatrie publique, intégrant les représentants de s usagers, les aidants et l’ensemble des professionnels du territoire.
Femmes et addictions
Les femmes perdent progressivement leur protection historique vis à vis de la dépendance aux substances psychoactives en parallèle des modifications du statut de la femme dans la société. En général, les jeunes filles et plus généralement les femmes semblent être influencées dans leurs consommations par des croyances concernant le contrôle du poids et l’image de soi ou par des modèles (actrices, amies, influenceuses…) lorsqu’elles consomment de l’alcool ou du tabac.
Par rapport aux hommes, les femmes utilisent plus volontiers des substances psychoactives pour faire face au stress et à des sentiments négatifs voire dépressifs.
Les différences pharmacocinétique et pharmacodynamiques, les spécificités du processus de récompense et les hormones féminines jouent un rôle majeur dans les différences de genre observées dans les comportements de dépendance.
Les conséquences sur leur santé diffèrent, en particulier dans les risques de cancers ou de complications cardio-vasculaires, pour un niveau de consommation identique à celui des hommes. Chez les femmes, il ne semble pas exister de consommation bénéfique d’alcool pour la santé.
Enfin, la consommation de substances psychoactives par les femmes peut être associée à de graves conséquences à la naissance et lors de leur développement post natal chez les bébés exposés pendant la grossesse. Le syndrome d’alcoolisation fœtale est en effet la première cause de retard mental évitable dans le monde. Enfin, des recherches supplémentaires sont nécessaires, notamment dans le domaine pharmacologique sur les différences de tolérance ou d’efficacité selon le sexe biologique.
Psychiatrie et addictologie : des liens à redéfinir.
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Organisation des soins des TCA en France : état des lieux et perspectives
L’organisation des soins en France est perfectible comme le montre une enquête récente de la DGOS il existe peu de thérapeutes spécialisés et de Fortes inégalités territoriales. Cela aboutit à l’image de ce qui se passe dans le monde à ce que la majorité des patients souffrant de TCA ne bénéficient pas de prises en charge de leurs troubles. Cela impose des actions nationales pour favoriser des parcours de soins multidisciplinaires.
A l’échelle individuelle soins doivent multidisciplinaires, les plus précoces possibles, coordonnés et incluant toujours des aspects somatiques, psychiques (individuels et familiaux) , nutritionnels et sociaux. Ces soins doivent également être gradué en fonction de l’état clinique et des ressources thérapeutiques disponibles. Une aide et des ressources peuvent être retrouvé sur l’annuaire national de la FFAB. (FFAB.fr)
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Démaigrir, une solution pour le traitement de l’anorexie ?
Prenons la plus grande angoisse d’un patient anorexique : la peur de prendre du poids. Et de l’autre côté, l’équipe médicale empathique avec une connaissance sur le corps médical. Nous nous retrouvons dans une situation aporétique. C’est-à-dire que nous comprenons et partageons l’angoisse quant à la reprise de poids mais nous ne pouvons laisser un corps dans un état de dénutrition.
Comment sortir de cette impasse ?
La solution nous est donnée par un changement de référentiel. Un glissement depuis le corps réduit à la seule dimension du poids (ou image du corps) vers un corps considéré comme un organisme indépendant du poids. La préoccupation devient donc la rectification des états déficitaires du corps et non la prise de poids.
Ces déficits qui vont faire que le patient va mieux dormir, avoir moins de saute d’humeur, va être plus concentré dans la journée…
Ce n’est pas le poids qui améliore l’état de santé et la santé mentale mais une amélioration du statut nutritionnel du corps avec un suivi psychologique associé.
Les équipes médicales pour améliorer la qualité des soins des patients doivent parler dans un autre référentiel.
Conduites alimentaires dans les pathologies duelles : pourquoi ? Quand ? Comment s’en préoccuper ?
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Maladies complexes et parcours de soins : l’exemple de l’obésité
Les maladies complexes sont des affections dont l’étiologie est multifactorielle liée à des interactions gènes/environnement. Elles forment une centaine de maladies encore mal connues. Leur fréquence est en hausse, liée aux changements environnementaux et des modes de vie et au vieillissement de la population. Elles représentent 77% des maladies et sont responsables de 86 % des décès et de 70% des dépenses de santé dans les pays européens. Le stress chronique et les facteurs psycho-sociaux jouent un rôle important dans la physiopathologie de ces affections.
L’obésité en est un exemple frappant. Elle touche 11% de la population mondiale (plus d’un demi-milliard de personnes). Le surpoids et l’obésité représentent la cinquième cause de décès dans le monde. En France, 17 % de la population adulte est obèse, ce qui représente plus de 8 millions de personnes. Dans l’Eure, la prévalence dépasse les 20%. L’obésité est associée à des comorbidités psychiatriques : dépression, troubles anxieux, suicide, TCA, …., mais elle ne figure pas dans les classifications psychiatriques.
On note de grandes difficultés, pour les patients qui souffrent d’obésité, d’accéder aux soins avec des retards de prise en charge. Ils ne sont pas assez suivis. L’offre de soins manque de lisibilité et reste cloisonnée. Il y a nécessité d’envisager une véritable filière territoriale obésité-TCA avec un accès organisé aux soins, une gradation du premier recours aux soins hyperspécialisés, d’organiser l’accueil et l’exploration des cas les plus sévères, et de créer un maillage territorial de l’ensemble des professionnels de santé concernés et hors cadre de soin (service sociaux, associations, ville).
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